- L’Aubergiste (1843)
- La Réforme et les réformateurs (1846/48)
- L’Âge de l’Ignorance (1843)
- Le Héraut de la Liberté (1844/46)
- L’Esprit commercial des temps modernes (1837)
Et tout cela est radicalisé sous le titre de «Résister à la tentation du laissez faire, au réformisme et à l’esprit commercial des temps modernes ».
Comme quoi nul n’est prophète en son pays !
Pour le dire honnêtement, ce mec m’intrigue, m’exalte et me gêne.
Comme tous les prophètes, il a une prédisposition navrante au mysticisme ; c’est une âme forte, certes, mais mystique.
Non, sans dec, je le vois venir le camarade, je sais qu’il me reste le Walden à ingérer ; il est là, dans la pile, à cligner de l’œil depuis quelques mois, et je sais que ça va me faire du mal… Et oui, on ne peut pas tous finir ermite crasseux et famélique dans une petite cabane au Canada, ‘tain ! Ça doit cailler l’hiver, pis faut chasso-pêcher le peu que tu becteras, pis y a ni câble, ni rézo… ce glisser dans la peau d’un zadiste qui la jouerait à l’ancienne et tout seul dans son coin : te dire la misère préconisée ! Te dire si on n’est pas empressé...
Telle est, en somme, la radicalité que sous-tend la résistance expliquée par Thoreau.
Et cependant, je ne comprends toujours pas cette notion de transcendantalisme, de méditation, de contemplation, de Surâme ou de «sympathie avec l'intelligence» ; ça sent la roupane New-Age, Messire ! Il faut toujours garder à l’esprit que cézigue croyait à un putain de Bon Dieu, quand même. Ok, c’était la mode, pire, un fondamental - d’ailleurs les amerloques croient toujours en Dieu -, y compris sur leurs billets de banque ! Leur devise : «La bible et un flingue», gravée sur les frontispices, ou alors «Thoreau et Into the Wild» pour les rebelles ; dis-moi que ces gens ne sont pas des farang binaires et mystiques !
Ça c’était pour la partie qui me gêne, mais là où il m’exalte, ou du moins qu’il me plaît, l’ami Thoreau, c’est dans sa critique sous-jacente de la simple indignation. Son truc à lui, c’est la résistance, la désobéissance, l’action, même sous la forme d’une somme d’inerties, et il n’est pas question de s’en sortir à bon compte avec juste de l’indignation ! Avec Thoreau, faut se mouiller, se serrer la ceinture et aller au charbon ! Les petits rebelles de salons, les couillons comme toi et moi, l’indignation au bord des lèvres - et rien dans le calbut, quand ça devient sérieux - ne sont plus de mise ; faut aller à la manœuvre, faut tout jeter par dessus bord et... À Dieu vat !
Ouais, c’est douloureux mais ça me botte que ce salaud de Thoreau mette le doigt sur le point focal de toutes nos lâchetés. Ça permet peut-être de garder une certaine lucidité sur l’étendue de nos faiblesses et la vanité de nos espérances…
Saint Cioran, délivrez-nous du mal !
Une dernière chose avant d'en finir : surtout, ne pas zapper "La réforme individuelle" à la fin du livre. Cette post-face de l'ami Thierry Gillybœuf est lumineuse ; en fait, c'est le miel de ce rucher.
Tu l’auras compris, Henry David Thoreau ne joue pas dans la demi-mesure ; une lecture pas toujours agréable mais édifiante.
Merci Henry David.
©Into the Wild
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Into Walden...
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