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jeudi 12 février 2015

Le p’tit cheval de retour, Michel Audiard

Sûrement le texte le plus Boudardien qu’ait commis l’ami Audiard.  
Et encore une fois, le dealer magnifique de toute cette dope de première est cézigue Hugo. Il squatte ma PAL cet enfoiré !
Pis j’ai du retard, tu penses, avec toute cette Culture qui m’a emboucané de fin décembre 2014 à fin janvier 2015, chuis drôlement en retard sur le tout-venant ; ça s’accumule...

Pour la situasse, on est en juin 40 et c’est la grande décarade organisée par quelques éléments légèrement vindicatifs de la wehrmacht ; en gros, tout le monde se trisse devant les fridolins qui déferlent sur la France.
Le p’tit cheval de retour est donc une relation de voyage ; les tribulations vélocipédiques de trois jeunes marlous du XIVe : Gédéon, Bébert et Michel qui vont traverser un petit morceau de France. Un regard acide et la verve du Maître sur les us & coutumes de cette époque de grande foirade.
...
Là, brusquement, on s’est retrouvés devant un con. Mais alors un vrai! un maousse ! un nickelé !... Con comme un balai, comme une valise sans poignée, comme un ténor !...

Comment puis-je aimer un salaud capable d’écrire ce qui suit ? ... ça me possède cette histoire.

...
C’était la première fois que je dérouillais une bonne femme. Maintenant que j’y repense, c’est drôle, je m’aperçois que j’ai perdu toutes les mauvaises habitudes que j’avais dans ce temps-là… Sauf celle-là.
???

Et cette tirade dont on retrouve l'esprit dans «Le cave se rebiffe» :
...
Comme je soulevais l’hypothèse d’éventuels chichis de Madame pour le radaboum en chapelet, l’amphitryon a repiqué une crise.
-J’voudrais entendre ça ! a-t-il fulminé, ajoutant en désignant son épaule sous le costard un peu flottant : quand une dame a dormi laga, elle monte aux ordres !
...

Sans parler de sa profonde aversion parigote pour les paysans, un monument dans l’art du  préjugé ; de l’Audiard au mieux de sa forme :

Comme on approchait, nos vélos à la main, il a dû entendre le cliquetis des roues libres. Il n’a pas eu un regard vers nous, il n’a pas bougé le cul de sur son seau, simplement il a sifflé !... Pour avoir entendu siffler les balles, des locomotives et des flics, je prétends m’y connaître en sifflets de toutes sortes, on peut donc me faire confiance quand je dis - et je dis - n’avoir jamais entendu un sifflet aussi dégueulasse, aussi poisseux.
Un autre sifflet - pas mieux - a répondu de l’intérieur de la bâtisse et Patte-de-Son est apparu. C’était la première fois que je voyais sortir d’un tableau de Vlaminck un mec avec un fusil !...
Chocotteurs sur le moment, Bébert et moi, naturel !... Surpris ?... Pas du tout !... Chez nous (c’est pas pour pousser le XIVe en avant), on n’a jamais pu blairer les pécores. Trop d’étourdis - vacanciers, sociologues - les sous-estiment, les prennent seulement pour des sales cons. Appréciation bien légère. De chouannerie en jacquerie, les paysans ont passé leur temps à assassiner le monde. C’EST RECONNU ! Vous avez déjà étudié une ferme de près ?... Le puits, la fosse à purin, le billot, la grande cheminée attisée par la bonne vieille, tout ça pour brûler les pieds, noyer, découper, faire disparaître. Une ferme, si on n’a pas les nerfs solides, c’est terrifiant à regarder ! … Un paysan déjà c’est atroce, avec un fusil dans les mains c’est insoutenable !...


Bon j’arrête là, c’était tout bonnement remarquable, un Audiard pur jus !

Merci l’ami Hugo pour cette pourléchade...


Franck Villard
François Drouineau
(PP)
Patrithouned patented





Mais j’ai sa souris en main !... Ça fait six mois qu’je suis sur le coup !...
Quand une femme a dormi laga, pardon ! Elle s’en rappelle...
(Le cave se rebiffe)

1 commentaire:

  1. Ah, mon canard, du nanan ! Tiens, j'vais battre ma femme pour fêter ça.

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