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mardi 17 septembre 2013

Bienvenue au club, Jonathan Coe

C’est la première fois que je mets le nez dans un bouquin de l’ami Jonathan.
Putain que c’était bien !
Quel coup de projecteur sur à peine hier, sur nos talons !
Les années 70 sont encore trop proches pour faire vraiment partie de l’Histoire, c’est du moins l’impression que j’en ai, mais nous les avons vécu ces fameuses 70. Bien sûr pas de la même façon que les Benjamin, Philip ou Doug, pas à Birmingham, soit, mais nous étions dans la même temporalité. En jeunes gens insouciants, nous tétions tous l’air de cette fin d’époque avec les poumons à peine voilés par notre encore jeune tabagie, nous écoutions souvent les mêmes choses navrantes qui dégueulaient de nos premiers tourne-disques, qui sourdaient de nos petites radios, et puis, les attentats de l’IRA, les grèves monstres, les charges sanglantes d’affreux flicards sur des cortèges d’ouvriers, tout cela passait déjà à la téloche, et rappelle-toi que ça avait une méchante gueule ces trucs, même en noir et blanc ! Et on ne connaissait pas encore Miss Thatcher ; çà, ce sera pour après, la National Union of Mineworkers va s’en souvenir de la Dame de fer, mais basta, sache seulement que ce livre résonne à mon oreille, je suis entré en syntonie avec le camarade Coe.

Bon, alors, c’est quoi ce club ?

Il s’agit d’une fresque de la fin des temps modernes, disons ; dans une tranche de temps donnée (années 70) et dans un lieu bien défini (Birmingham) nous plongeons dans les strates du quotidien de la classe laborieuse de la perfide Albion.
Nous vivons tour à tour les existences des lycéens, de leurs parents, grand-parents, nous assistons aux turpitudes fessières des adultes, des moins adultes, nous partageons les joies, les incertitudes ou les drames de plusieurs familles de cette banlieue dominée par l’usine de bagnoles. Petits cadres, ouvriers, délégués syndicaux, petits fachos inclassables, tous les fils sociologiques de cette vaste tapisserie sont mêlés, intriqués : le tableau est vivant, subtil.


Et en plus d’être fin dans l'analyse de son temps, le gars Jonathan est un parfait styliste, c'est du grand art ; les flashbacks, les extraits de journaux, les souvenirs de vacances, les feuilles de choux du lycée scandent une flèche du temps totalement maîtrisée.

Très, très bon livre, pris à la sauvette sur l’étal d’un nouveau libraire (que je teste en ce moment) et dont la pochette m’a d’abord interpellé avant que le “Coe” ne me saute à la tronche… tiens, tiens, me suis-je dis, depuis le temps qu’on me snobe avec cet enfoiré ! Et Coe par ci, et Coe par là, ça commençait à me gonfler. Tu parles si je l’ai choppé vit’fait ! Marre de passer pour un con aux apéros de l’Ambassadeur.
Ben, t’inquiète, j’aurai l’air toujours aussi con, çà je m’y suis résigné, mais maint’nant  je saurai de quoi on parle quand ce mec reviendra sur la tapis.


C’était simplement délicieux, farang mon ami, c’est un bouquin majeur dans la future historiographie des années 70.


Il ne sont pas si nombreux, c’est vrai, les talentueux passeurs de réalité complexe, Jonathan Coe en est un, et un bon en plusse !


Merci pour ce week-end enchanté et cependant frappé au coin de la nostalgie.

Jonathan n’est pas mon ami, c’est pourquoi je dis que c'est mon ami.


 


Margaret T.



Je vous demande de me croire, ça va changer...


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