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jeudi 26 février 2015

Le voyage de Marcus, Christian Goudineau

La Gaule, en 130 après Jean-Claude.
 
Marcus, âgé de douze ans, est le jeune fils de Publius, un magistrat de la Gaule Aquitaine qui ambitionne de se faire élire sacerdos, et, comme de tout temps les voyages ont formé la jeunesse, il va suivre son daron dans une singulière tournée “électorale” à travers les us et coutumes de la Gaule du IIe siècle.
Heureusement, le jeune gallo-romain est dur au mal, car le voyage sera quelque fois glandilleux, voire périlleux ; les ennemis politiques de son dabe Publius sont rudes, retords et déterminés. Le jeune Marcus n’est cependant pas le premier farangus venu, l’a du chou et du charme le môme, et il apprendra vite, sauvant à moultes occasions la tournée de son père.

Ce Tour de France anachronique démarre au nord-est de Augustonemetum (Clermont-Ferrand), et tire ensuite droit vers l’ouest pour aller à Mediolanum Santonum (Saintes) ; de là, plein sud jusqu’à Burdigala (Bordeaux) ; léger crochet nord-est pour rallier Vesunna (Périgueux) et plongée sud-sud-est, direction Tolosa (point con) ; de là, sud-est, Narbo (Narbonne) ; petite remontée nord-est en longeant la côte pour toucher Nemausus (Nîmes) ; on repique vers Arelate (Arles) et on remonte légèrement à l’est vers Arausio (Orange) ; il n’y aura plus qu’à mettre le cap plein nord et filer sur Lugdunum (Lyon) via Vienna (Vienne)...
Pfiou ! Avoue, ça fait une putain de boucle. Et tout cela à pieds, à cheval, en voiture et en bateau. Bien sûr, la voiture est d’époque, hippomobile et inconfortable - c’est pas la C4 Millénium de maman, disons - et les populations frustres de l’arrière pays sont en général assez hostiles. On frôle la tribulation, mais quel voyage !
D’autant que l’ami Christian Goudineau a prit le parti de pondre sa pépite sous la forme d’un roman épistolaire - au passage, je ne remercie pas Uderzo&Goscinny de m’avoir enduit d’erreur à ce sujet, le gallo-romain grave, certes, mais pas que sur du marbre : quand il écrit un courriel, il le fait comme toi et moi, sur une tablette de cire !
On assiste donc à un entrelacs de “lettres” qui tissent une épopée parfaitement convaincante et toujours intéressante sur les habitus de nos ancêtres les gaulois. Je te rappelle cependant que nous sommes en 130 après Jean-Claude, et que, à l'execption d'un petite tribu de bonnets-rouges récalcitrants, la Gaule est totalement romanisée, tant politiquement que sociologiquement. 
Jeux du cirque, gladiateurs, oncle sénateur à Rome et famille pléthorique et influente scanderont toutes les étapes de ce voyage initiatique mouvementé ; on visitera même une ferme de crocodiles !
Et tu te figures bien que le jeune garçon qui débute ce périple ne sera plus le même à l’arrivée.


Ce voyage de Marcus est un bonheur de lecture, d’autant que la postface nous donne quelques clefs supplémentaires ; en effet, il est probable que le personnage de Marcus ait réellement existé, qu'il ait parfaitement réussi en politique, escaladant plein pot les échelons du pouvoir gallo-romain, et qu'en outre il ait été un des “romanciers” les plus fertiles du IIe siècle.


Bravo et merci à l’ami Goudineau pour son talent et son érudition, c’était parfait, et bien sûr, merci à l'ami Cricri pour cette savante suggestion...

Vale.



©Astérix







Glou… Glou… Glou… PAF ! ….

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