Au début, j’étais un peu septique... dans quel état allaient me parvenir les douze tablettes d’argile retraçant l’épopée de Gilgamesh ? Et oui, le plus vieux livre du monde, le premier, du moins, qui nous soit parvenu du fond des âges… ‘tain, tu te rends compte ?
On parle là du « Le Premier Livre » ! Ça force le respect, non ?
Donc, je flippais un peu, rapport aux stagiaires qu'embauche la poste en ce beau mois de juin ; il y en a quelques uns qui n’ont indubitablement pas la fibre malle-postière ; y te bourrent ça en vrac dans la B.A.L., quand ils ne te balancent pas le pacsif chéri à même le gazon, à la merci des intempéries et des pissats de chats !
Bon, je m’étais fait du mouron pour rien et c’est encore la magique palabre de Jean-Claude Ameisen qui m’en avait trop laissé accroire ; en fait, le bouquin était normal : papier, colle et encre, pas en argile… Il a donc correctement boite-à-lettré sans dégâts particuliers. Ouf !
La première épopée jamais écrite fut celle-ci, celle de Gilgamesh, «La quête de la vie sans fin » (passe cette heure avec JiCé : frissons garantis).
C’était il y a 4600 ans, dans l’antique cité-état d’Ourouk, plus de 1500 ans après la fondation de la civilisation mésopotamienne, entre le Tigre et L’Euphrate.
Au début le Gilgamesh est un vrai casse couilles, toutes les exactions qui sont l’apanage des puissants et des demi-dieux lui sont permises, il ravage sa cité et ses gens, bref, il tyrannise son peuple.
Les Dieux vont décider de le calmer : ils créent Enkidou, une sorte de golem qui sera son rival. Ce qu’ils n’avaient pas prévu, ces connards pathétiques, et en cela ils sont bien aussi cancres que les Dieux actuels, c’est que Gilgamesh et Enkidou deviendraient potes comme cochons ! Ch’ais même pas s’ils n'étaient pas un peu pédés, ces deux zigues.
Cela dit, il s’agit d’un véritable progrès pour le lumpenprolétariat d’Ourouk car les deux burnes se mettent en tête d’accomplir une partie des douze travaux d’Hercule bien avant l’heure, lachant ainsi les basques du peuple.
C’est donc le temps des défis et des quêtes impossibles, genre : niquer sa race à l’australopithèque Houmbaba et détruire la forêt de cèdres sur laquelle il règne, puis abrailler d’horribles façons le Taureau Céleste qu’avait envoyé la Déesse Ishtar, etc.
Moultes siècles plus tard, les grecs désignerons cette maladie sous le terme d’hubris.
Enttention, farang-babylonien, l’hubris est considéré comme une insulte aux Dieux, tout ce bordel et cette rébellion ne peuvent plus durer, et pour punir Gilgamesh les Dieux font mourir Enkidou.
Tu le comprendras, le Gilgamesh va l’avoir à la caille, l’est pas content le semi-dieu, devient comme fou et se jette à corps perdu dans la recherche de la vie éternelle. Il sait que les Dieux l’accordèrent à Outa-napishti, l’ancien roi de la ville de Shouroupak ; un homme qui déjà sauva la création d’un primo-déluge datant peut-être de l’holocène et qui vit maintenant, et pour l’éternité, aux commencements du monde, ‘tain !
Il va courir, grimper, arpenter sans cesse ni répits pendant des lunes, il affrontera les loups, les coyotes et les méduses, puis les Hommes-scorpions aux Monts-Jumeaux, franchira la douloureuse passe “des cent mille pensées”, traversera la mer sur le bac d’Our-Shanabi, et parviendra au pays d’Outa-napishti. Hélas, l’éternité n’est pas pour lui, et le mieux qu’il ramènera sera une herbe de “longue vie”, qu’il se fera voler au dernier moment par un perfide serpent… pleure ! pleure ! pleure !...
Un récit des origines, une épopée épique qui mobilisera toutes les ardeurs de Gilgamesh, et, au bout du bout, confirmera qu’il ne faut rien attendre des Dieux ; si éternité il doit y avoir, c’est nous qui l’inventerons, tout seul.
Un récit des origines, une épopée épique qui mobilisera toutes les ardeurs de Gilgamesh, et, au bout du bout, confirmera qu’il ne faut rien attendre des Dieux ; si éternité il doit y avoir, c’est nous qui l’inventerons, tout seul.
Tu veux que je te dise, je suis maintenant sûr que si le premier livre qu’écrivirent jamais les humains nous interpelle déjà sur la vie éternelle, alors le dernier livre des hommes sera écrit par ceux qui auront vaincu la mort...
Transcendance en approche sélective.
Bravo et merci aux anciens qui inventèrent l’écriture et surtout, la façon de la faire voyager à travers le temps par le truchement des livres.
(Et si tu possèdes une once de curiosité par rapport à une version moins déconnante de l'épopée de Gilgamesh, vas voir là...)
Et l’Homme créa Dieu...
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