Pages

mercredi 24 février 2016

Montesquieu, Les vendanges de la liberté, Jean Lacouture

Charles-Louis de Secondat, baron de la Brède et de Montesquieu.

Voilà, puisqu’il sera dit que je me tape le parcours à l’envers, j’en arrive à la première étincelle qui embrasa le siècle des Lumières :
Montesquieu.
C’est le début de la fin pour la vision ecclésiale du monde. Louis XIV fait chier avec ses guerres de religions et ses lubies de domination, toutes l’Europe est fatiguée de ce roi vindicatif, qui ferraille avec tous ses voisins car toutes ses conneries solaires ne sont pas bonnes pour le commerce. Et le commerce il ne connaît que ça l’ami Charles-Louis de Secondat, baron de la Brède et de Montesquieu ; son truc à lui c’est le pinard - c’est un bordelais, un vrai viticulteur et ça lui fout les boules s’il ne peut plus vendre son pif à ses meilleurs clients : les rosbeefs.

Un aristo agricole, élevé chez les paysans et les curés, lecteur insatiable, viticulteur et président du Parlement de Bordeaux, et dont tout le monde se moque dès les premières fois où il met les sabots à Paris. C’est vrai qu’il devait détonner dans les salons avec son accent bourru de paysanas ; il dut passer pour un extraterrestre chez les snobinards poudrés et enrubannés. Une expérience dont il tira cependant les «Lettres Persanes» car bien sûr, Usbek et Rica, les deux voyageurs persans et épistoliers qui visitent nos contrées et nos mœurs, c’est lui !
C’est un malin, il n’édite pas sous son nom et fait tirer en Hollande, mais la mèche va assez vite être vendue. En attendant la critique a porté, et ses lettres Persanes lui apportent la notoriété ; plus personne ne se moque de lui, son accent n’est plus rédhibitoire, au contraire c’est devenu une charmante particularité : 
---> hardi sur les gonzesses ! 
Ensuite, entre deux vendanges et deux frangines, il fait comme son vin, il voyage, mûrit et se bonifie. Très souvent à Paris, ensuite l’Europe ; Autriche, Hongrie, Hollande, l’Italie à fond, et finalement Londres.
Quand il rentre dans l'âge, certes il est presque aveugle, mais il est mûr pour nous pondre «L’esprit des Lois», (1748).

Bon, je te l’ai faite courte, c’est plus compliqué que ça, et puis c’est une biographie de Jean Lacouture, et tu connais l’ami Jean maintenant, tu as compris qu’il ne fait pas dans le prêt-à-porter, c’est un exubérant le Jeannot, un créateur, il échafaude, fait des parallèles, démontre presque la relation putative qui existe entre Montaigne et Montesquieu, malgré le siècle et demi qui les sépare, c’est presque de l’histoire comparée.

Bref, ce Montesquieu de Lacouture est un très bon cru où Montesquieu n’apparaît pas toujours sous son meilleur jour (ses façons frôlaient parfois la pingrerie, par exemple), mais où il ressort bien que :
«L’esprit de l’Encyclopédie est en lui. On l’aime ainsi...»
(page 179).

Bravo et merci à l'ami Jeannot et à Charles-Louis de Secondat, baron de la Brède et de Montesquieu.






 «Elle est gouleyante cette vinasse , quoi qu’un peu clairée !»
(©Jacquouille)

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire