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samedi 21 mars 2015

La vie turbulente de Camille Desmoulins, Raoul Arnaud

On replonge dans le chaudron de la révolution.
Tu l’auras compris, farang-spécieux, ce moment de l’histoire m’intéresse.
Après Vergniaud et ses discours enflammés à la Constituante, il fallait bien se faire gratter l’échine par la plume de Camille Desmoulins (en attendant de frémir sous celle de Hébert).

Pour lui, ça démarre pas fort en 1760, à Guise. L’aîné d’une fratrie de petite noblesse, son père est lieutenant général au bailliage de Guise, il réussira cependant à décrocher une bourse à Louis-le-Grand. Il y usera ses culottes au coté de Robespierre (Maximilien) et deviendra avocat en 1785. Hélas, il bafouille et bégaye, ça la fout mal pour un avocat. Il va merdoyer dans des petits jobs de copistes jusqu’en 1789. Là, c’est la révélation, il s’attache à Mirabeau et prend son essor. Bien que piètre orateur, il sera comme Loustalot, Marat, ou Hébert une des plumes les plus virulentes de la révolution.
Le Camille entre dans l’histoire le 12 juillet 1789 en pérorant au café de Foy (autant pour le discours du 14 juillet et la prise de la Bastille, il n’y était pas) et en ressortira coupé en deux morceaux bien distincts au niveau du col le 5 avril 1794. Dans cet intervalle de temps, de petit avocaillon nécessiteux, il devient un des premiers journalistes politiques avec son «Les Révolutions de France et de Brabant».

...
Comme un chien en quête, il ne cessera pas d’aboyer, le pourvoyeur de la lanterne. Il part en chasse, mufle au vent et oreille aux aguets. Il dépiste, traque et rapporte. La délation est son arme. Il en use sans paix ni trêve, «lance à tort et à travers des conclusions à mort contre quiconque est atteint du crime capital de posséder une paire de culottes ». Au livide reflet de sa lanterne, il attaque et dénigre, diffame et calomnie. Comme plus tard Hébert, il marque les victimes en «riant à la mort», selon l’expression de Lamartine, qui ajoute : « Le peuple avait soif de dénonciations. Desmoulins les lui prodigua. Son nom avait monté avec la colère du peuple… Il entretenait cette colère pour rester grand. »
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Il gagne ainsi ses gallons de «procureur de la lanterne».
Il se marie en 90 et vit l’amour fou avec la belle Lucile Duplessis, bien qu’il ait courtisé sa mère quelques années auparavant - il n’en n’est plus à une forfaiture près.
Après avoir fait partie du fan club de Mirabeau et Lafayette, il deviendra ensuite le sujet de Robespierre ; l’incorruptible est un malin, il l’utilisera pour abattre ses ennemis et l'enverra à la guillotine quand le pantin tentera de se rebeller, notamment par le biais de son dernier journal «Le Vieux Cordelier».
Comme quoi, il ne suffit pas d’avoir du talent pour réussir et surtout, toujours gaffer le sens du vent quand on fout le feu à la baraque.

Je te le dis tout de suite, Raoul Arnaud n’est pas tendre avec Camille Desmoulins et le moins qu’on puisse dire c’est qu’il n’a pas la même lecture de sa vie que l’ami Claude Cabane, ci-devant journaliste à l’Huma.

Je me demande finalement si la légèreté et la véhémence dont fit preuve Desmoulins tout au long de sa courte carrière de journaliste ne s’apparenteraient pas un peu à ce que firent bien plus tard et en d’autres lieux, les salopards qui distillèrent la haine sur Radio Mille Collines.

Cependant et malgré son talent dévoyé, son inconstance et ses faiblesses, il faut bien reconnaître qu’il a quand même eut le courage de l’intelligence dans ses fameux numéraux 3&4 du le vieux cordelier… et ça sauve (presque) le personnage.

Subséquemment, je crains, hélas, qu’il ne te faille prochainement subir mes divagations exaltées et péremptoires sur les six numéros du «Le Vieux Cordelier» car ils viennent d’amazoner en version poche (et non, merci, je ne veux toujours pas adhérer à la solution «premium» 30 jours gratuits avec boite-à-lettrage en 1 jour ouvré, merde ! Ch’uis pas pressé à ce point ).







Ah ! ça ira, ça ira, ça ira ! Les aristocrates on les pendra...

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