Pages

mardi 28 juillet 2015

Des hommes ordinaires, Christopher R. Browning

Sous-titre :
Le 101e bataillon de réserve de la police allemande et la Solution finale en Pologne.

Faut-il souffrir une énième resucée de la Shoah, te lamenteras-tu, farang-dieudonnétien ?
Et oui, il va te falloir la souffrir, car l’ami Christopher n’est pas le premier venu, et cet ouvrage appert comme extrêmement précis et incontestable.

Comment ne pas se projeter, à la lecture de ce remarquable travail de recherche, dans un inter-espace sis entre «La banalité du mal» de Hannah Arendt, de «Surveiller et punir» de Michel Foucault et de «Les Bienveillantes» de Jonathan Littell ? Hein, comment ne pas ?
Le côté comptabilité en plus, mettons, avec en leitmotiv sous-jacent : 
« Dans un cadre que l'on peut qualifier de «domination/punition», n’importe qui est capable de faire n’importe quoi ».
Autrement dit, quels sont les stratagèmes que doit déployer la structure de contrôle dominante pour subjuguer le commun des citoyens afin d’en faire le rouage inter-dépendant de n’importe quelle entreprise idéologique, y compris si elle implique une stratégie de destruction massive de l’autre.

Ce n’était que cela, le 101ème bataillon de l'"Ordnungspolizei" ; des gens ordinaires qui se mirent à tuer d’autres gens ordinaires par centaines, tous les jours, tout le temps ; des vieux, des femmes, des enfants… entre 1942 et 1943, en Pologne.
Et les humains qui ont fait cela étaient des types comme toi et moi… 
Ça donne à réfléchir, non ?

Et que les connards négationnistes de tous crins essayent de contester ça ; allez-y, sortez vos chiffres, vos compilations des minutes des procès, les rapports, les documents, etc.
Pâques-Dieu ! osez dire que c’est des conneries et que «ça», cette inimaginable chasse aux juifs, cette tentative d’extermination n’a jamais existé, bande de salopards malhonnêtes !  
Ok, ok, je me calme… (respire, respire, respire…)

Évidemment, ce n’est pas le genre de bouquin qui postule au Nobel de littérature, l’ami Christopher ne se démarque pas par sa plume, oh non ; il déroule méthodiquement l’histoire documentée (presque à l'excès) de ce groupe d’hommes qui commirent l'impensable comme tu irais faire ton marché. Et je te le répète encore une fois, il s’agit de gens comme toi et moi ; on tremble à la pensée de ce que l’on pourrait faire demain, si le hasard et la nécessité s’en mêlait de trop près.

Bon, tu vas finir par dire que ça devient une habitude, mais je vais faire le «terrible» effort de te présenter des morceaux de la quatrième de couv.

À l’aube du 13 juillet 1942,  les hommes du 101e bataillon de réserve de la police allemande entre dans le village polonais de Jozefow. Au soir, ils ont arrêté 1800 juifs […] Ces «hommes ordinaires» ont eu, à plusieurs reprises, l’occasion de s’abstenir. Ils ont, dans leur immense majorité, préféré obéir, faisant en seize mois plus de 83000 victimes, assassinées sur-le-champ ou déportées vers Treblinka. Analysant les témoignages de 210 anciens du bataillon, Christopher Browning retrace leur parcours, analyse leurs actions et leurs motivations, dans un des livres les plus forts jamais écrits sur la Shoah et sur l’ordinaire aptitude de l’homme à une extraordinaire inhumanité.

Ça fout les frissons !

À lire absolument, bien sûr.


Hannah Arendt


«Le mal peut être à la fois banal et extrême,
Seul le bien est radical...»

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire