Tout est qualifié dans le sous-titre :
Ethno-poétique d’un voyage.
Voyage
contemporain à travers la Russie éternelle ; voyage en train. Ça donne
du temps, de la perspective, des tranches de temps, des forêts de
bouleaux, des îlots d'izbas vétustes et floutés qui défilent derrière
le carreau de la vitre du train, des aggloméras de tâches colorées, des villes presque imaginaires : Ekaterinbourg, Samara, Rostov, des
réminiscences de cerisaie, et surtout une réflexion résolument passée au tamis du théâtre et de la littérature.
Un voyage derrière les clichés.
Crois-moi, farang-shakespearien,
ce Denis Lavant est un être singulier, un maître du pastel bleu, un
polète de la slavitude, un passeur de mondes métissés ; c’est comme prendre un
grand bol d’air pur et froid juste après avoir tété un samovar de thé
brûlant... ça peut briser les dents. Heureusement, il y a de la vodka
pour se soigner... pour absorber, amortir...
J’avoue
cependant que sans la consultation frénétique et incessante des trois
glossaires (in-dis-pen-sables!) qui corsètent d’importance ce “journal
de voyage”, je n’eusse pu goûter la substantifique moelle de cette
insolite pérégrination poétique (trop d'inculture).
…
Vers
Samara, à travers l’Oural, à travers rien de connu, comme si j’y étais
né, j’y nais chaque jour un peu plus tant tout m’y est étrange et
familier. Des collines à présent, tellement rondes et vertes, aux lignes
tellement douces, mamelons maternellement terrestres qu’on aimerait
suavement s’y rouler, en dévaler, en rigoler, culbutant dans leur frais
gazon, s’y étendre face au soleil pour y dormir tout un jour, y rêver
pour toujours, "la tête dans le frais cresson bleu",
ni flanc troué de rouge, ni heure dernière, simplement évanoui,
épanoui de la nature, heureux autant sinon mieux qu’avec toute autre
femme.
...
Hein ? Hein ? ch't'avais pas averti ? C'est-y pas rimbaldien, hum ?
Tiens, tu veux que je te dise ? Denis Lavant, je t'aime ! Ouais, maintenant je te vois... en plusse d'avoir une vrai gueule, t'as une vraie griffe ; je vais réviser bien à fond tout mon Léos Carax pour commencer !
Tss-tss... je vous demande de finir votre thé...
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