Aubrey-Maturin, t. 14
Mais chut, on empiète presque sur le prochain livre là...
Nous retrouvons notre aimable équipage de la pauvre Diane naufragé sur cette île maudite au fin fond de la mer de Chine, en proie à la Sainte Famine. Pour parfaire ce sinistre tableau, la troupe de Jack subit le sévère assaut d’une bande de pirates malais, les Dayaks. Hélas pour ces derniers, ils eussent dû mieux choisir leur proie car le matelot est indigeste, surtout quand il est échoué et de mauvaise humeur. Stephen, plus tard racontera en ces termes l’épisode à Raffles, gouverneur de Batavia :
…
- Je suis un très mauvais raconteur de batailles. Je ne les vois pas ou je n’y prends généralement pas part. Pour celle-ci j’étais dans la tente hôpital presque tout le temps ; je n’ai même pas participé à la charge finale. Ce fut un combat sévère. Ils ont tué et blessé beaucoup de nos gens ; nous les avons détruit entièrement. Mais le capitaine Aubrey vous en fera le récit exact. Il bondissait à travers le champ de carnage comme si c’était terre natale. Vous connaissez le rugissement d’attaque du tigre, bien entendu ?
- Bien entendu.
- C’est le bruit qu’il faisait au combat…
Quoi qu’il en soit, voila nos vieux compagnons à nouveau en selle car le Gouverneur Raffles leur offre de poursuivre leur périple à bord de la Muscade (vingt canons). Souviens-toi, farang-écervelé, qu’ils ont toujours rendez-vous de l’autre côté du monde avec cette chère Surprise commandée par l’aimable Tom Poullings.
Nous sommes parfaitement rodés maintenant, le Jack n’est jamais au repos, presque hargneux, et avant de toucher les côtes de l’Australie, étape programmée de longue date, et de retrouver la chère Surprise, ça va furieusement canonner tous azimuts ; tu vas en bouffer de la poudre et des embruns, le sang va encore pisser des dalots !
Nonobstant, tout au milieu de cet océan de fureur gît une perle d’humanité ; Stephen va recueillir une couple de fillettes mélanésiennes, seules survivantes d’une épidémie qui a tué tous les autres habitants de l’île Sweeting. Rebaptisées Sarah et Émilie elles seront très vite adoptées par tout l’équipage et refuseront énergiquement de rester dans un orphelinat de Botany Bay.
La courte étape en Australie sera d’ailleurs assez mouvementée : les militaires locaux peu coopératifs, les autochtones ombrageux, les convicts misérablement exploités et l’arrière-pays très hostile.
Notons aussi que Padeen, l’ancien aide opiomane de Stephen qui effectuait son stage de réinsertion chez les Wallabies, réussira à regagner la barque malgré les ordres formellement contraires de Jack.
Tu peux bien te figurer que ça barde peu après, et que ce pauvre Jack n’est pas au bout de ses Surprises, surtout si l’on considère qu’il n’est pas réellement au fait du nombre exact de passagers clandestins embarqués à Botony Bay.
Il va rugir derechef le tigre Aubrey ; gare matelot, chacun va en prendre pour son grade à bord de la Surprise, le Pacifique risque d’être mouvementé.
Mais chut, on empiète presque sur le prochain livre là...
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