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lundi 1 juin 2015

Le polygone étoilé, Kateb Yacine

Très dur à cataloguer le bouquin de l’ami Yacine.

Je n’ai pas fait d’études littéraires assez sophistiquées pour appréhender tout ce que sous-tend un texte aussi complexe et échevelé, mais je suis sûr que André Breton y aurait retrouvé sa couvée ! C’est presque de l’écriture automatique, il y a cette appétence maladive à sauter du coq à l'âne d’une ligne à l’autre… ça file le tournis !
Une écriture horripilée, éclatée ; des fragments curieusement réassemblés de vieux mythes algériens sis entre pré et post colonisation, à la croisée de l’oral et de l’écrit.

Très déstabilisé mézigue, j’ai failli renoncer... mais heureusement, c’est bourré de «fulgurances» poétiques et très souvent on déboule en plein dialogues de théâtre, comm’ça, au détour d’une page. 
J’ai alors repris ma respiration, serré les miches en comptant jusqu’à عشرة et j’ai plongé dans la folie douloureuse des aventures d'un éternel expatrié.

J’ai suivi Lakhda et ses camarades dans leur départ furtif vers Marseille… La France.
Nouvelles misères sous d’autres cieux, nouvelles errances d’une ville l’autre, d’un chantier l’autre. La mémoire qui fluctue jusque dans les noms, un chaos d’identités déchirées, nulle part chez elles, ni en Algérie, ni en France, ni ailleurs.

L’histoire d’un déraciné professionnel, à la recherche de Nedjma, l’amante archétypale d’un roman précédent énigmatiquement évoquée dans le long et merveilleux poème de la fin (p 169-176).

Un livre qui déchire ça race et qui ne se lira pas avec les yeux mais avec les trippes : hélas pas à la porté d’âmes simples qui ont besoin de récits cubiques et bien bordés.

Tu es frappé au sceau des poètes maudits, ami Kateb Yacine.


Kateb Yacine




...
-Veux-tu que je t’enseigne la grammaire ou la poésie ?
- La poésie.
...
(p 175)

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