Un Chevallier amenant un Duhamel, nous replongeons dans la Grande Guerre. Nous sommes maintenant cantonnés légèrement en deçà des premières lignes… Oh, pas très loin, il pleut aussi des obus sur les postes médicaux avancés de 14-18 et l’ami Georges Duhamel n’est pas un planqué, oh non ! Il patauge sans faillir pendant cinq ans avec les poilus, ses frères de malheur, dans la merde, les tripes et la souffrance et surtout il témoigne - sobrement, fidèlement - de l’humanité singulière des soldats martyrisés dont il a la charge en tant que médecin ; il les nomme, décrit leur agonie ou leur résurrection et ce faisant il les incarne, les replace dans la famille des hommes.
Lerondeau, Carré, Mouchon, Tricot, Mehay, Mathouillet, Lécolle, Derancourt, Monet, Renaud, Nogue, Lapointe, Ropiteau, Bouchentou, Lévy, Gautreau... le pauvre André ; par dizaines.
Et cette façon de coucher sur le papier les idiosyncrasies de chacun face à la misère morale, la douleur physique et la certitude de sa mort, est une formidable démonstration sur l’hétérogénéité de nos réactions quand notre "force d'âme" se trouve confrontée au pire ; ce que nous sommes réellement nous ne le découvrirons que dans les affres d’une agonie douloureuse. (Benedicti ignari sint !)
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C’est un bien naïf besoin d’égalité qui nous fait dire que les hommes sont égaux devant la souffrance. Non ! non ! les hommes ne sont pas égaux devant la souffrance. Et, comme nous ne connaissons de la mort que ce qui la précède et la détermine, les hommes ne sont même pas égaux devant la mort.
(Page 157)
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Terrible et poignant ; une lecture au bord des larmes.
Merci à ma vieille Biloute rieuse (Méthode Coué adjectiviste) pour cette formidable suggestion.
Merci à Georges Duhamel, géant modeste parmi les nains.
©Tardi |
Je vous demande de vous embrasser…
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