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dimanche 15 juin 2014

Varennes, Mona Ozouf

Moins d’une semaine sera nécessaire pour consommer plus de mille ans de royauté.
Au delà du tumulte de 1789, Mona Ozouf détecte la fin de la royauté dans la fuite du roi.

J’ai lu la Révolution de Michelet, plus récemment la version
romanesque de l’Histoire des Girondins de Lamartine (je viens de comprendre que j’ai manqué Jaurès), mais ici, changement de catégorie ; opération "à coeur ouvert" des journées du 20 au 25 juillet 1791.

Dame Mona n’est pas seulement une historienne de grand talent, c’est aussi une horlogère de précision. Quatre cents pages remarquablement documentées sur les conséquences de Varennes, sur ce basculement inouï de l’Histoire ; que ce serait-il passé si Louis XVI ne s’était pas enfui, s’il n’avait pas déserté ? On ne l’aurait certainement pas jugé ni massicoté ; quid de la Terreur qui s’ensuivit, de Napoléon, de la Restauration, du Second Empire, du colonialisme; quid de notre XIXe, hein ? quid du Congrès de Tours, de la fête de la musique, etc. ?  
Je t’invite à l’uchronie :  imagine une seconde : Louis XIV et l'autre salope d'autrichienne ne s’enfuient pas, ne sont donc pas arrêtés à Varennes et ne reviennent pas en pitoyables déserteurs dans un Paris résolument hostile… Où le triumvirs (Barnave, Duport, Lameth) parvient à ses fins et installe une monarchie constitutionnelle… Hein ? Tu vois le coup ?

On peut toujours imaginer, mais quand même, ce Louis XVI, c’était plus qu’un roi nigaud, il n’a jamais changé de bord, même après 89 ; bien plus fourbe que pusillanime, non ? La version de ces événements relatée par Dame Mona Ozouf appert comme bien plus objective car plus détachée, plus lointaine et analytique que celle de Lamartine ou de Michelet.
Mona Ozouf épluche, dissèque, décortique et expose tous les muscles, tendons, leviers et mouvements qui plongent la révolution dans le chaudron de ce mois de juin 1791. Tous les acteurs sont là ; les Brissot, les Clavière, les Condorcet, les Desmoulins, les Mme Roland, les Marat, les Duquesnoy, les La Fayette, les Danton, les Bailly... Une analyse extrêmenent pointue des minutes qui précipitèrent la France dans la Terreur.
Inéluctable.

En plus de tous les titres et honneurs dont on peut affubler la gente dame Mona Ozouf, je pense qu’on peut aussi la faire figurer au firmament des sorcières de l’historiographie.

Un livre parfait ?

Mona Ozouf, je t’aim… heu… puis-je vous adorer ? 



Sainte Mona O.



What else ? ...

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