(Suite du Starfish de novembre.)
Éventuel lecteur, là, il va falloir t’accrocher au joystick !
Ouais,
ouais, je te vois arriver :
- Pas de problème, j’aime la SF, j’ai lu
tout mon Asimov et tout mon Bradbury, ceci-celà... chuis blindé...
envoie le bois !
- Innocent, te répondrais-je, tu aimes la SF ? Ce n’est pas suffisant pour goûter la substance Wattsienne. Et de loin !
La
Hard-SF des années 2010, la voilà ! Et ça ne se laisse pas faire, ça gigote, faut
batailler, faut insister, faut wikipédier, sinon tu passeras à côté de
l'essentiel, tu vas survoler... et te faire chier. Ce mec est goûteux
dans les interstices, chais pas trop bien es
quoi il est docteur le Peter, mais c’est minimum biologie&cervelle.
Totalement synchrone avec ce qu’on entend chez Jean-Claude Ameisen le
samedi matin et les articles les plus pointus du www..pourlascience.fr.
Sans
faire ma bêcheuse, disons que le front d’onde quantique (en
effondrement permanent) qui représente le nombre de lecteurs homo
sapiens sapiens capables de bander pour ce genre de SF ne dépasse pas
quatre-cinq sur l’échelle des lecteurs que je côtoie régulièrement.
Tu ne me crois pas ?
Ok,
voici la description qu’il fait d’un mini-holocauste dans une guerre
des temps futurs ; c’est terriblement précis, élégant, et parfaitement
monstrueux quand on réalise que ce sont des gens qui brûlent.
(Je te laisse deviner quel mot j’ai dû wikipédier et surtout quelle acception j’en ai gardé.)
...
La
zone avait déjà été isolée. Il ne servait plus à rien de paniquer, les
sages réflexes de fuite ne pouvaient plus rien donner. L’alerte n’avait
été donnée que depuis quelques secondes et tout était déjà presque
consommé.
Traversant
les nuages, un bégaiement de laser turquoise précis descendit tracer
une transversale de dix kilomètres. De minuscules aliquotes de sable et
de chair se carbonisèrent à son contact. Des gouttelettes dans l’air
saturé interceptèrent les rayons en transit qu’ils rendirent visibles
aux yeux humains ; des fils d’argon si brillants et si beaux que vous
risquiez une cécité subite et complète en les regardant. Rapides, de
surcroît ; le spectacle de lumière prit fin avant même les premiers cris
de douleur.
Le
principe était simple : tout brûle. En fait, tout brûle avec un spectre
spécifique, subtiles interactions de bore, de sodium et de carbone
luisant sur leurs longueurs d’onde particulières, harmonie lumineuse
unique à chacun des objets enflammés. En théorie, même la combustion de
vrais jumeaux donnerait deux spectres distincts, du moment qu’ils
n’avaient pas eu de leur vivant les mêmes préférences alimentaires.
L’opération en cours n’avait bien entendu nul besoin d’une résolution aussi fine.
Prenez
cette parcelle de terrain stratégique. Est-ce un territoire ennemi ?
Tracez une ligne à travers, mais en vous assurant qu’elle s’étend en
zone sûre d’un côté comme de l’autre. Bien. Maintenant, échantillonnez
tout du long. Transformez la matière en énergie. Lisez les flammes. Les
extrémités de votre ligne sont les bases, les zones de vérités : leur
lumière est celle d’un sol amical. Soustrayez ces longueurs d’ondes à ce
que vous lisez au milieu. Appliquez à vos chiffres les stratégies
habituelles pour prendre en compte les hétérogénéités dans
l’environnement local.
…
Une vraie recette de cuisine, non ?
Souriez, vous allez être flashés...
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