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jeudi 1 mai 2014

La cerise, Alphonse Boudard

Un Boudard de la meilleure eau... Peut-être le meilleur.

Je me le réservais pour la finale car c’est un des rares de cézig que je ne suis pas obligearesse de restituer rapidos après lecture because il est à moi ; tu sais bien que mon Yoda ès boudarluche n’est autre que maître Hugo, et que je ne suis que son padawan impécunieux, et qu’en règle générale j’essaye de lui restituer les bouquins qu’il me passe, sinon y m'pète la gueule, c’est un violent…

Bon, en fait ce sera l’avant dernier du blot car figure toi que j’ai voulu finir chronologique. Ma Hugo-Némésis venant de me refourguer, après moultes recommandations savantes, Les trois mamans du petit Jésus, que c’est le der des der, le quasi posthume, que c’eût été commettre un péché d’en conserver un autre par devers moi, exétéra. J’enquillais donc fort chrétiennement sur cette La cerise et gardait bien au chaud (page 90) l’ultime petit Jésus de l’artiste. Quoique des fois facétieux, je sais cependant me tenir…

Alors, cette Cerise ?

J’avais raison et j’ai déjà averti les populations, pour mézig, c’est le meilleur... son deuxième ”roman” d’après la presque dernière de couv’ du Le Livre de Poche, affiché Prix Sainte-Beuve 1963 (je sais c’est une coquille car après consultation de la wiki-pythie, c’est 1961 qu’il fallait lire). Cela-dit, c’est vif… ethnologiquement à ras les pavetons des années cinquante de messieurs les z’hommes… quand ils sont au ballon, quand ils ont la cerise, qu’ils naviguent en pleine scaille.
Naturliche, c’est auto-biographique et tu t’escalades le parcours fatal qui amènera notre pote Boudarluche de cellote en cellote dans les ergastules de la République. Le pourquoi du comment, disons.
C’est pas la prose à monsieur tout le monde, c’est pour le moins anti-conventionnel, convenons-en, et ce serait surtout impossible à écrire cinquante ans après !

Après le kinographe, on sirotait des alcools dans un club… Je m’emmerdais alors à dépérir. Douce pénombre, trompette sangloteuse… ça me fout le noir à l’âme… le vague ! Je manque de toc pour aller me remuer le prosinard sur la piste… “Tu ne sais pas t’amuser, mon coeur.” Petite concession au slow, c’est pas fatiguant… bien obligé…
“ Tu danses bien quand tu veux, mon chéri…”
Je pensais que c’était préférable de faire carrément le julot… On passe relever ses compteurs… Quelques mandales, coups de pompe ! Plus de mon amour !... “Ta monnaie vite ! ton carbure salope, et retourne aux asperges, que je te revoies pas avant vingt sacs !” Simplicité, lignes pures… en maquerotage comme en Art, que ce soit net. Jadis j’aurais pu me lancer dans la carrière. Je n’avais pas vingt ans, ça se présentait comme des petits fours sur un plateau. A cette époque je préférais de Gaulle.
“ A quoi  tu penses mon coeur ? “

Nonobstant, ne va pas confondre la dive langue de l’ami Boudard avec quelques dégueulasses dieudonnésries plus contemporaines… rien à voir, malgré sa jactance, malgré ces ratons, ces youpes, ces gougnotes, ces pédés et ces prix de Diane aux asperges, il est suffisamment “humain” pour qu’on l’aime, qu’on le respecte ; c’est part à trois dans la cellote quand il n’y a qu’une clope à fumer ; anar sûrement, mais communiste aussi… il a une bonne mentalité finalement le Phonfonse… c’est pas un clébard. Un mec qui a du chou, incontestable…
Un récit syncopé entre l’extase d’un avant-le-gnouf et les langueurs incompressibles d’un pendant-le-gnouf; les heures qui filent en gambergerie, en galerie de personnages puisée dans les fins fonds des mystères de Paris du Grand Septon Eugène Sue et dans un Rocambole de Ponson de Terrail. La classe, quoi.

Y a pas à tortiller du prosinard, s’il faut lire un Boudard, c’est celui-ci, farang-finkielkrautien.

J’aime définitivement ce voyou anarcho-humaniste de Boudard et laisse-moi t’objurguer de me l’emprunter…

Mycobacterium tuberculosis




Je vous demande de respirer…

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