Pages

jeudi 19 novembre 2015

Les idées des autres, Simon Leys

Sous-titre :
«Les idées des autres idiosyncratiquement compilées par Simon Leys»
(pour l’amusement des lecteurs oisifs)


Bon, la vie continue...

Te souvient-il, farangus-sarkozorus-rex, que nous croisâmes déjà l’ami Leys dans son remarquable studio de l’inutilité ?
Ah, que ça fait du bien de plonger dans cet excellent florilège de textes choisis par, disons-le, le curé défroqué qu’ont vu en lui "les Mao" de 1972. Et si tu as la moindre curiosité sur son profil, le wiki éponymeW est édifiant ; et son fameux passage chez Pivot (un “Apostrophe” de 1983 ) ne l’est pas moins.

Oui, un esprit libre et singulier ce «catho». Et il faut savoir cela pour bien goûter à ce sel de l’idées des autres idiosyncratiquement compilées par cézigue, car tu vas sauter de Voltaire en Bernanos, de Cioran en Xun Ziet, de Thoreau en Léon Bloy, et ch’t’en passe, et des meilleures !
Un grand écart permanent dans les choix de ces petits textes qui laissent en creux la mesure d’une claitvoyance et d'une intelligence hors du commun.

Je t’en délivre quelques éclats :

«C’est le malheur des gens honnêtes qu’ils sont des lâches?
Voltaire

Tout ce qu’il faut pour que le mal triomphe, c’est que les braves gens ne fassent rien.
Edmund Burke

La distance est l’âme de la beauté
Simone Weil

La vie est une tornade de merde dans laquelle l’art est notre seul parapluie.
Mario Vargas Llosa

Comme l’on serait savant si l’on connaissait bien seulement cinq à six livres.
Flaubert»

Bien sûr, je ne t’ai mis que celles qui me plaisaient vraiment, il y a plein de contre-exemples moins affriolants comme :

«Le hasard est le dieu des imbéciles.
Bernanos

L’Église est la seule chose qui puisse libérer un homme de la dégradante obligation d’être de son temps.
Chesterton

Tout le monde à du talent à vingt-cinq ans. la difficulté est d’en avoir à cinquante.
Degas

etc.»


Quoi qu’il en soit, un puissant tourbillon de «pensées», parfois grinçant, voire décapant, mais finalement salutaire.
 

Bravo Môssieur Simon Leys pour cette superbe fabrique à produire du sens, et merci à mon écclésiastique ami Hugo, papa putatif de la présente compilation.




Simon Leys

dimanche 15 novembre 2015

La Trilogie de la Conurb, William Gibson

[Superfétation consubstantielle à la guerre...]

Oui, je commençais ce début de commentaire jeudi soir (12/11/2015), après une semaine entièrement consacrée à cette superbe trilogie de William Gibson. J’étais déjà en retard mais je débordais de cet enthousiasme idiosyncratique, puéril et grossier, qui caractérise ce petit blog.

Le voila, brut de fonderie :

«Dès le début des années 80, et si peu qu’on fut attentif, on voyait bien que ça se pointait, le truc, que le Bruce Sterling commençait à nous profiler les nouveaux paysages de la Cyberpunk. Et, BANG ! il y a eu ce phénomène super-sonique qui a déchiré le ciel de la SF : «Neuromancien» de William Gibson… Celui qui aura vécu ça en direct se souviendra certainement que nous en eûmes le souffle coupé ! C’était de la SF radicalement différente, post-moderniste, parfaitement en prise avec les années Thatcher-Reagan ; la projection dystopique et à court terme du néo capitalisme triomphant des années 80.
C’était aussi et surtout, du moins pour quelques uns d’entre nous qui frayions alors avec l’univers uniformément bleu des salles machines IBM, une perspective jubilatoire de ce qui se dessinait pour demain ; on se voyait déjà en pilotes de consoles, à faire quelques cyber-passes à coup de minitels surgonflés à la bio-puces Maas-Neotek, et le pif plein de dopes toutes plus exotiques les unes que les autres !
Putain ! l’éclate que ça allait être.
En fait, William Gibson aura été le père putatif de la VRW et des Anonymous !

L’univers de La Trilogie de la Conurb («Neuromancien», «Comte Zéro», «Mona Lisa s’éclate») fait suite à son premier recueil de nouvelles, «Gravé sur chrome» (1982) et se situe donc dans
... »


J’en été là… on verrait demain pour la suite, après tout, j’avais tout le week-end devant moi.
Après le panégyrique habituel d’introduction, tout restait à faire ; reprendre le pedigree des principaux personnages ; donner la trame, le temps ; montrer à quel point William Gibson a vu les possibles qu'offraient la numérisation de la société et en a génialement anticipé les protocoles d’utilisations ; il fallait aussi souligner la filiation ostentatoire de son univers avec celui de Philip K. Dick, par exemple le rocher et le mouton artificiel sur l’immeuble, dans «Mona Lisa s’éclate» ; bref, plein de trucs à compiler qui m’eussent permis de déployer toute ma savantitude auto-proclamée quant à la littérature de Science-Fiction…

Seulement voilà, samedi matin (hier), je n’avais plus la moelle pour continuer…

Et ce matin toujours pas plus...
J’entends tous ces trucs à la radio, j’ai vu sur mon twitter la photo de tous ces jeunes gens dont les leurs sont sans nouvelles…

Elle sera donc comme cela, notre prochaine guerre ?

Quoi qu’il en soit, je suis sûr que tous les amis de William Gibson ne me tiendront pas rigueur de ce commentaire fort peu réglementaire et tu sais quoi, C.F.-C. (cher farang-compatissant) ? je t’assure d’un rattrapage grandiloquent sur «La Trilogie du PontW» que je vais immédiatement tenter d’exfiltrer de mes bibliothèques à double effet kisscool.



 
Fluctua Nec Mergitur

Paris, 13 novembre 2015

Le dessin «Peace for Paris» a été réalisé après les attentats du 13 novembre 2015 par l'artiste français Jean Jullien. - JEANJULLIEN.COM

mercredi 11 novembre 2015

DIEU, Frédéric Lenoir

Entretiens avec Marie Drucker.

Pas question d’y couper à celui-là car c’est le Chrits qui me l’a refilé…

«Lis-ça, fils, c’est un bouquin sur Le Dabe», tonitrua-t-il célestement en déboulant au bureau, l’autre matin, très tôt, vers 10:30...

Je ne déconne pas, c’est réellement le Chrits, le Fils de l’Autre, qui m’a mis ce bouquin en pogne ! ... Je vois bien que le doute t’habite, farangis-horribilis, que tu penses que je suis en pleine galéjade, mais tu te goures fillette. Le Chrits y bosse en face de moi, incognito, tous les jours. 
Tu vois le coup ? 
Et je me targue d’être pote avec lui, dis-donc ! Note que je suis le seul à savoir de qui il s’agit vraiment car il a un peu changé depuis sa résurrection ; songe que plus de deux mille ans ont passé ; il a pas mal bourlingué entre temps, légèrement vieilli, il a aussi considérablement modifié sa coupe de cheveux, en plus aérodynamique, disons, et, accessoirement, il pratique la pêche à la mouche, pour tromper son monde ; en fait il est devenu plus mainstream, c’est bien simple, il a des responsabilités au Modem, te dire ! mais attention, il est resté beau gosse, hein ? Il a su garder ce charme mi-levantin, mi-aveyronnais, et le caractère complexe et ombrageux propre à sa nature trinitaire et hypostasique consubstantielle au Concile de ChalcédoineW, en 451 après Lui-même.
Bref, quand cézigue, tout empreint d’une sainte célestitude, t’objurgue à coups de taser dans le foie de lire un bouquin, ben mon vieux, tu le lis, point barre !
Gloups… Tzzzzz… Arghhh...

Bon, je t’avoue que j’ai quand même eu un peu peur, au début, que la barre soit trop haute pour moi ; Marie Drucker, déjà, je ne voyais pas bien ce qu’une présentatrice météo bien née venait faire dans cette histoire, et quant à l’ami Lenoir, je savais par avance que tout phisolophe qu’il soit, il fait parti de la tribu de «l'Infâme», une de celles que tout athée fondamentaliste de bon aloi se doit d’écraser, si tu te souviens bien.
Popopo… Je me plantais royalement en pensant cela ; je me supposais ironique et plein d’esprit alors que je n’étais que simplement sardonique, cynique et misogyne. Un gros con, quoi !
D’une part, madame Marie Drucker ne présente pas que la météo, loin s’en faut, et poursuit une fort honnête carrière... médiatique, mettons, quant à «l’ennemi» Frédéric Lenoir, il maîtrise remarquablement son sujet l’animal ; le discours est honnête et plus que limpide. De deux choses l’une : soit ce bouquin est une parfaite initiation - tant historiographique et herméneutique, que sociologique et philosophique - à la «chose religieuse», soit il s’agit d’une excellente révision, une parfaite synthèse de tout ce qu’il est raisonnable de se souvenir sur ces dieux qui nous accompagnent depuis l’aube de l’humanité, qu’on le veuille ou non.
Et d’une question l’autre, Marie Drucker surfile cette joute, entre fausse candide et vieil érudit impartial.

Simples et exhaustifs, nos deux comparses balayent méthodiquement l’histoire des Dieux et des religions depuis la préhistoire jusqu’à nos jours, c’est à dire depuis les génies de la nature, en passant par pléthores de panthéons, jusqu’à ce Dieu unique, jaloux et vindicatif qui agite présentement le bocal de ses laudateurs les plus zélés.
Immanence, transcendance, période axialeW, etc., tous les mystérieux arcanes de la religiosité sont minutieusement épluchés ; de Gilgamesh à la mort de Dieu (Le gai savoir, Nieztsche), des religions les plus exotiques, celles qui n’ont pas de Dieux bien définis, jusqu’au fameux «bricolage» post-moderniste où chacun fabrique sa propre spiritualité en piochant dans les religions à portée de main.

Ce livre offre un panorama complet, édifiant et très abordable sur la nature ontologique du sentiment de Dieu, ou, autrement dit, sur le fait que Dieu est structurellement humain.

C’est aussi et surtout une parfaite introduction à la lecture de l’immense et indispensable bouquin de Marcel Gauchet qu’il te faudra ensuite aborder si le sujet t'intéresse vraiment : «Le désenchantement du monde» (toujours disponible dans les piles qui gésissent sur mon bureau… farfouille et tu le trouveras.)

Bravo donc à mes deux nouveaux amis, Marie D. et Frédo L. pour cette indispensable révision, et surtout, merci au Chritsme, pour cette “surprise”, et pour sa patiente amitié...







Soyons confiants, l’œcuménisme bat son plein...

mercredi 4 novembre 2015

1000 mots d’esprit, Claude Gagnière

Ça y est, me voila une nouvelle fois sous la soutane de padré Hugo !

C’est ma Némésis sézigue, il m’inflige ses lectures pénitentielles par trois maintenant : «Anthologie de l’humour noir» d’André Breton, «1000 mots d’esprit» de l’ami Gagnière, et «Une histoire des mathématiques», sous-titrée Routes et dédales, au Point-Sciences !

Avoue, quand tu as des amis comme ça, t’as plus besoin de ton confesseur, hein ?

Cela dit, je suis un pragmatique, et devine par lequel j’ai commencé ?

Bon, avec celui-là, le commentaire va être vite torché ; un recueil de bons mots classés par ordre alphabétique… y a plus qu’à piocher ! 


Accouplement
Les seules créatures qui s’accouplent en se faisant face sont l’homme et le sandwich au pâté.
François Cavanna


Belle
Elle était belle comme la femme d’un autre.
Paul Morand


Chipie
Pourquoi être simplement assommante alors qu’avec un petit effort vous pourriez être insupportable.
Oscar Wilde


Dieu
L’homme a créé des dieux ; l’inverse reste à prouver.
Serge Gainsbourg


Égalité
Je conviendrais volontiers qu’elles [les femmes] nous sont supérieures - rien que pour les dissuader de se croire nos égales.
Sacha Guitry


Femme
La femme est ce que l’on a trouvé de mieux pour remplacer l’homme quand on a la déveine de ne pas être pédéraste.
Boris Vian


Gentleman
Un gentleman est quelqu’un qui est capable de décrire Sophia Loren sans faire de gestes.
Michel Audiard


Hommes (politiques)
Les deux choses que je reproche à Édouard Balladur, c’est son menton.
Plantu


Idée
Rien n’est plus dangereux qu’une idée quand on en a qu’une.
Paul Claudel


Jeunesse
Vitupérer la jeunesse est chez l’adulte une nécessité hygiénique et favorise la circulation du sang.
Logan P. Smith


Kangourou
Sans le kangourou, l’homme n’aurait jamais su qu’il ne possède pas de poche marsupiale.
Alexandre Vialatte


Lire
Quoiqu’il y ait beaucoup de livres, croyez-moi, peu de gens lisent ; et parmi ceux qui lisent, il y en a beaucoup qui ne se servent que de leurs yeux.
Voltaire


Mariage
Je me suis marié deux fois, deux catastrophes : ma première femme est partie, ma deuxième est restée.
Francis Blanche


Nu(e)
La première fois que j’ai vu une femme nue, j’ai cru qu’il s’agissait d’une erreur.
Woody Allen


Optimiste
Un optimiste est quelqu’un qui commence à faire ses mots croisés au stylo à bille.
Anonyme


Pardonner
Oui, il faut pardonner à ses ennemis… mais pas avant qu’ils soient pendus.
Henri Heine


Question
A l’éternelle triple question toujours demeurée sans réponse : “Qui sommes-nous ? D’où venons-nous ? Où allons-nous ?”, je réponds : “En ce qui me concerne personnellement, je suis moi, je viens de chez moi et j’y retourne.”
Pierre Dac


Racisme
Je passe devant un flic avec un melon sous le bras. Il m’interpelle. Il me dit : “Venez ici tous les deux !”
Smaïn


Secret
C’est une erreur de croire qu’une femme peut garder un secret. Elles le peuvent, mais elles s’y mettent à plusieurs.
Sacha Guitry


Télévision
La télévision n’exige du spectateur qu’un acte de courage - mais il est surhumain - c’est de l’éteindre.
Pascal Bruckner


Ulysse
Que voulez-vous qu’il fît contre Troie ?
Roland Bacri


Vaurien
Quand on traite de vaurien quelqu’un qui ne vaut pas grand-chose, on lui cause un préjudice commercial.
Yvan Audouard


Xénophobie
Selon les latitudes, la haine de l’étranger change de nom. En Europe, elle s’appelle patriotisme, en Chine, xénophobie.
Fernand Vanderem


Yeux
J’ai peur que mes yeux ne fassent des trous dans le ciel.
Freidrich Nietzsche


Zoo
Au zoo, tous les animaux se tiennent convenablement, à l’exception du singe. On sent que l’homme n’est pas loin.
Emil Michel Cioran




Parallèles
Deux parallèles s’aimaient… Hélas !

André Frédérique

Pierre Dac, Jacques Pessis

Sous-titre : mon maître soixante-trois.

Remarquable ! Un maître... 63, cet André Isaac.
Nom de scène Pierre Dac ; Pierre parce que André ça le fait pas, et Dac pour «d’actualité», a décrété Roger Toziny, un des créateurs de la «Vache Enragée», petit cabaret Montmartrois  dans lequel il fera ses débuts de chansonniers, en 1922.
Chansons, théâtre, radio, journalisme loufoque, télé, cinéma, feuilletons, livres, etc., rien ne lui échappera ; l’ami Pierre va poser sa marque pendant cinquante ans sur le show-biz francaoui. Tu vas en croiser des Monstres Sacrés dans cette bio, des connus et des moins connus, en fonction de ton âge ; Les frères Jacques, Bourvil, Raymond Devos, Roger Pierre et Jean-Marc Thibault, Louis de Funès, Pierre Doris, Francis Blanche, bien sur, René Goscinny, Jean Yanne, etc. (la liste est trop longue) ; il en a suscité des émules, jusqu'à nos Coluche et Desproges ! D’ailleurs, en parlant de Desproges, as-tu jamais visualisé la scène du film Signé Furax où sézigue interprète le rôle d’un traducteur pour sourds et malentendants ? Extraordinaire, tiens, c’est là : Desproges.

Outre la biographie du grand homme, l’ami Jacques Pessis (le neveu adoptif de cet oncle putatif) enlumine généreusement son travail de nombre d’extraits de pensées, de chansons et de sketchs qui forment un accompagnement fort  goûteux et finalement nécessaire : «oui, c’est ça qu’on veut, et on en redemande !»

Alors, bien sur, et si je n’écoutais que ma flemme, je balancerais deux brèves citations du chansonnier ou du feuilletonniste, tu rirais un bon coup, farang-trop-pressé, et on passerait à la suite.  Et bien non, on va faire mieux, mais il faut d’abord que je t’affranchisse sur deux où trois petits détails de la vie de Pierre Dac, qui revêtent en l’occurrence une certaine importance.
Déjà, il te faut savoir que le citoyen patriote André Isaac, n’a pas épargné sa peine, ni son courage pour s’appuyer les colonies de vacances de 14-18 organisées sous l’égide de Guillaume II, et desquelles il est ressorti un peu fracassé mais bardé de médailles avec palmes et où son frère aîné a fini la bouche remplie de terre (comme des millions d’autres). Plus tard dans le siècle, ce même citoyen français n’a pas plus encaissé le pas de deux qu’avait entamé Pétain et sa clique avec Adolphe Ier. Suite à l’appel du 18 Juin, il tente de rejoindre Londres en passant par l’Espagne, mais, manque de bol, il va goûter de la celotte ibéro-Franquiste pendant presque deux ans avant de finir cette pénible exfiltration et de finalement atterrir dans le petit studio de Radio Londres. Oui, à partir de 1943, Pierre Dac fut une des voix de «Les Français parlent aux Français».
Tout cela pour en venir à la réponse radiophonique qu’il fit à la diatribe antisémite du triste sire Philippe HenriotW, chef de la propagande de Vichy, et qui se posait ouvertement la question de savoir si un juif pouvait être un bon français.
Voici des extraits de la mémorable réponse du français André Isaac, dit Pierre Dac :

« [...] C’est entendu, monsieur Henriot, en vertu de votre théorie raciale et national-socialiste, je ne suis pas français. À défaut de croix gammée et de francisque, j’ai corrompu l’esprit de la France avec L’Os à moelle. Je me suis, par la suite, vendu aux Anglais, aux Américains et aux Soviet. Et pendant que j’y étais, et par-dessus le marché, je me suis également vendu aux Chinois. C’est absolument d’accord. Il n’empêche que tout ça ne résout pas la question : la question des Allemands.
[...]
Peut-être me répondrez-vous, monsieur Henriot, que je m’occupe de ce qui ne me regarde pas, et ce disant vous serez logique avec vous-même, puisque dans le laïus que vous m’avez consacré, vous vous écriez notamment : «Mais où nous atteignons les cimes du comique, c’est quand notre Dac prend la défense de la France ! La France, qu’est-ce que cela peut bien signifier pour lui ?»
Eh bien ! Monsieur Henriot, sans vouloir engager de vaine polémique, je vais vous le dire ce que cela signifie pour moi, la France.
Laissez-moi vous rappeler, en passant, que mes parents, mes grands-parents, mes arrière-grands-parents et d’autres avant eux sont originaires du pays d’Alsace, dont vous avez peut-être, par hasard, entendu parler ; et en particulier de la charmante ville de Niederbronn, près de Saverne, dans le Bas-Rhin. C’est un beau pays, l’Alsace, monsieur Henriot, où depuis toujours on sait ce que signifie, la France, et aussi ce que cela signifie, l’Allemagne. Des campagnes napoléoniennes en passant par celle de Crimée, d’Algérie, de 1870-1871, de 14-18 jusqu’à ce jour, on a dans ma famille, monsieur Henriot, lourdement payé l’impôt de la souffrance, des larmes et du sang.
Voilà, monsieur Henriot, ce que cela signifie pour moi, la France. Alors, vous, pourquoi ne pas nous dire ce que cela signifie, pour vous, l’Allemagne.
Un dernier détail : puisque vous avez si complaisamment cité les prénoms de mon père et de ma mère, laissez-moi vous signaler que vous en avez oublié un : celui de mon frère. Je vais vous dire où vous pourrez le trouver ; si, d’aventure, vos pas vous conduisent du côté du cimetière Montparnasse, entrez par la porte de la rue Froideveaux ; tournez à gauche dans l’allée et, à la 6e rangée, arrêtez-vous devant la 8e ou la 10e tombe. C’est là que reposent les restes de ce que fut un beau, brave et joyeux garçon, fauché par les obus allemands, le 8 octobre 1915, aux attaques de Champagne. C’était mon frère. Sur la simple pierre, sous ses noms, prénoms et le numéro de son régiment, on lit cette simple inscription : «Mort pour la France, à l’âge de 28 ans.» Voilà, monsieur Henriot, ce que cela signifie pour moi, la France.
Sur votre tombe, si toutefois vous en avez une, il y aura aussi une inscription : elle sera ainsi libellée :
Philippe Henriot
Mort pour Hitler,
Fusillé par les Français…

Bonne nuit, monsieur Henriot. Et dormez bien. Si vous le pouvez...»


C’est entendu, pour moi il s’agit là de la véritable mesure de ce grandiose et singulier personnage. 
(merci à l'ami Patriçounet pour la piqûre de rappel sur cette séquence lors d'un précédent commentaire)

Bravo l’artiste et merci pour la leçon.  





...