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lundi 30 septembre 2013

Presse-People, Carl Hiaasen

Attention, c’est du très très bon Carl Hiaasen. Le meilleur des trois que j'ai enfourné ce mois-ci.
Tu demanderas à mes filles ; elles m’ont entendu ricaner pendant quarante-huit heures, reclus dans mes quartiers ! J’en ai chialer de rire, putain !
- Qu’est-ce qu’il a le vieux, il est malade, c’est sa prostate ?
- Non, répondait ma Pierrette qui connaît son Pierrot depuis le temps, il lit un Carl Hiaasen ; on n’y peut rien, faut qu’ça lui passe...


Sans dec, ce Presse-People est du calibre de Cousu main ou De l'orage dans l'air. Ce mec tricote dans l’excès et te ravage à coup de :


- Dis-lui que je suis sérieux comme une crise cardiaque…


Ou encore cette description de Skink, l’ancien gouverneur, que la crapule Maltby à la surprise de trouver assis sur sa machine à laver alors qu’il rentre chez lui :


- Clint ?
- Je me suis dépouillé de ce nom depuis très longtemps.
Le gouverneur trônait dans la buanderie qui jouxtait la cuisine de Maltby.
- Bon Dieu, qu’est-il arrivé ? Où étiez-vous passé pendant toutes ces années ?
- Aujourd’hui, on m’appelle Skink, l’informa le gouverneur.
Maltby était extrêmement nerveux. Tyler portait des baskets pourries et un imperméable qui ne l’était pas moins. Il avait le crâne rasé et des guirlandes de cartouches vides pendaient à ses deux longues tresses argentées. Il avait perdu un oeil, via un épisode violent sans doute, et sa peau avait un aspect basané et buriné.
- Que venez-vous faire ici, Clint ?
- Arrête de m’appeler comme ça.
- Attendez : vous êtes en train de poser une pêche dans ma machine à laver ? Nom de Dieu !
Skink se leva en reboutonnant calmement son imper.
...


Dans cet opus déjanté, nous saluerons la collaboration de :

- Bang Abbott, le paparazzi azimuté qui finira avec deux trous au cul,
- Jackie Sebago, le margoulin investisseur qui va partager sa couche-culotte avec une paire d’oursins...
- Cherish, ex-Cherry Pye, l’écervelée-bimbo-super-start qui aligne les conneries plus vite que son ombre,
- Ann DeLusia, la doublure de Cherry qui a fait flasher Skink,
- Chimio, le truand rescapé de Cousu main, qui après s’être fait bouffé la pogne par un barracuda, c’est fait greffer un taille-haie sur le moignon. Y rigol’ pos en garde du corps !
Et bien sûr la véritable star de ce bouquin : (tariii-tarraa-tarriii !) 
- Skink, l’ancien gouverneur, l’homme du bayou, le vengeur des opossum et des ratons laveurs, l'ami indéfectible des moustiques et des crocodiles avec lesquels il partage son quotidien, grand collectionneur d'œil de verre et pourfendeur de crapules... légèrement amoureux de la belle Ann.


Et un merci particulièrement appuyé aux âmes simples du show-bizz. Oui, merci d’être des crétins ;
 Je ne dis pas que c'est pas injuste, je dis que ça soulage(Audiard)


C’était simplement magnifique... mais douloureux, au niveau des abdos, j’veux dire.



Je te jure que Carl n’est pas mon ami, c’est pour cela que je suis capable de te jurer que c’est mon ami. (reuféchlis bien à cela, farang-appendicectomique)







La prochaine fois, je vous demande d’acheter une machine à laver à chargement frontal...

dimanche 29 septembre 2013

Striptease, Carl Hiaasen

Incroyable, plus de dix ans que je rate royalement ce Carl Hiaasen ; bravo l’artisse ! Mais où avais-je la tête pendant tout ce temps ? 
Pis c’est connu, hein ? C’est bien simple, avec ce bouquin en pogne, tous les mecs que je croise depuis vingt-quatre heures m’ interpellent assez familièrement (clin d’oeil et tout) en s’esclaffant :
- Mais c’est Demi Moore… Ha ouais, je me souviens du film ! Ha bon, y avait un bouquin ?
T’as vu le coup, farang-priapique ? !
Putain, ch’ais même pas qui c’est Demi Moore, mais ce n’est pas cela qui me gène le plus, non, c’est d’être passé à côté d’un Carl Hiaasen et de continuer à dormir comme un innocent. Nonobstant  ch’uis pas plus con que ça, merde, je connaissais le nom de la dame et pis j’ai cherché en douce, histoire de ne pas passer pour le dernier des caves. Alors effectivement, la donzelle à oilpé de la couverture de ce J’ai Lu est bien Demi Moore… et elle est bien charmante, je te l’accorde, et elle a sûrement dû ramasser le prix Nobel “Miss Nouveau-Mexique” y a vingt ou trente piges, mais ceci dit, ça ne fait toujours pas “tilt” entre mes deux oreilles. En fait, je n’ai vu aucun des films de madame Moore. Elle n’a jamais tourné avec Pagnol, Grangier ou Molinaro…ni dans Melancholia, et  elle n’a rien publié de flagrant dans Ciel&Espace : comment tu voulais qu’j’la connais ?


Bien, bien.


Alors dans les rôles des disjonctés de service de ce Striptease :
- Dilbeck, un éminent mais priapique politicien fantoche et cependant membre du Congrès,
- Darrell Grant, l’ex-mari d’Erin (la stripteaseuse) qui carbure aux médocs, à l’étroitesse d’esprit et au vol de fauteuils roulants,
- Moldowsky, le mafieux qui drive l’autre imbécile de Dilbeck,
- Erin, bien sûr, la héroine qui se trémousse sur le bar avec les loloches à l’air,
- Shad, le monstrueux videur de la boîte de striptease (qui aime beaucoup Erin),
- Orly, le patron de la boîte,
- Al Garcia, le flic,
- Et plein d’autres personnages assez barrés.


Comme toujours, le déroulé de l’histoire consiste à un enchaînement fatal de turpitudes de plus en plus désagréables pour les méchants et les sales cons.
C’est jouissif.


Encore un et je serai à joure.


Carl est un ami précieux


Richard le menteur



Je vous demande de me croire...

samedi 21 septembre 2013

Croco-Deal, Carl Hiaasen.

Ch'ais pas pourquoi, mais j’ai la méchante impression qu’on va bouffer du Car Hiaasen ce mois-ci… Incroyable le retard que j’avais avec cet animal. Sans compter les folio-unior, je retardais de trois ou quatre bouquins ; dingue, non ?

Encore une fois, l’ami Carl n’y va pas avec le dos de la cuillère : toujours la Floride au menu, toujours la même galerie d'énergumènes totalement disjonctés, toujours l’écologie en pivot central et surtout, toujours le même combat entre le citoyen et la méta-structure dominante (état, multinationales, religions, etc.). Doit pas être très pote avec les mecs de l’OMC le camarade.
En fait, et de bouquin en bouquin, il cultive obstinément une allergie aux imbéciles et aux malfaisants (non, c’est pas la même chose, les imbéciles ne sont pas forcement malfaisants, quoique...). 
Carl Hiaasen c’est une machine parfaitement huilée à dégommer les connards de toutes obédiences.

Bon, c’est bien beau tout ça, mais que peut-on en dire sans trop en dire ?

Hum...

Ce qui est sûr, c’est que la gentille et psychotique Honey Santana prend le rôle d’emmerdeuse principale. 
Déjà, elle n’aime pas qu’on lui casse les bonbons pendant les heures de repas, aussi, quand le télémarkéteur Boyd Shreave (alias Boyd Eisenhower) de Sans Trêve Ni Relâche ose interrompre le sacro-saint repas semi-familial, la donzelle prend la mouche ; le gars Boyd vient d’allumer la mèche d’une mécanique infernale qui va finir par lui péter à la gueule.

Alors, dans les rôles des principales - voire collatérales - victimes nous trouvons :

Louis Piejack, en pêcheur plus mort que vif et totalement obsédé par la belle Honey,

Lily, la future ex-femme de Shreave le télémarkéteur,

Queue de Tigre (Sammy), le jeune semi-séminole très perturbé, mais bien charmant… Miam.

Perry Skinner, l’ex-père de Fry et cependant toujours “l’officiel” de Honey,

Eugénie la bimbo de service, fort marrie de sa visite des mille îles,

Guillian, l’étudiante (otage volontaire et délurée) qui veut absolument croquer du séminole… Miam.

Et plein d’autres allumés, passagers plus ou moins volontaires de ces îles sauvages sises en périphérie du Golf du Mexique.


Lire du Carl Hiaasen c’est jubilatoire et satisfaisant. Comme regarder PSG/OM quand c’est le PSG qui met une tôle à l’OM ! ah, ah, ah … Et s’il est vrai que rire un bon coup équivaut à bouffer un steak, alors avec ce Croco-Deal, végétariens s’abstenir !



Nostradamus-Reiser




Ben, y a des jours où la vie n’est qu’une grosse sucette parfumée à la merde.
(Croco-Deal, Carl Hiaasen)

mardi 17 septembre 2013

Bienvenue au club, Jonathan Coe

C’est la première fois que je mets le nez dans un bouquin de l’ami Jonathan.
Putain que c’était bien !
Quel coup de projecteur sur à peine hier, sur nos talons !
Les années 70 sont encore trop proches pour faire vraiment partie de l’Histoire, c’est du moins l’impression que j’en ai, mais nous les avons vécu ces fameuses 70. Bien sûr pas de la même façon que les Benjamin, Philip ou Doug, pas à Birmingham, soit, mais nous étions dans la même temporalité. En jeunes gens insouciants, nous tétions tous l’air de cette fin d’époque avec les poumons à peine voilés par notre encore jeune tabagie, nous écoutions souvent les mêmes choses navrantes qui dégueulaient de nos premiers tourne-disques, qui sourdaient de nos petites radios, et puis, les attentats de l’IRA, les grèves monstres, les charges sanglantes d’affreux flicards sur des cortèges d’ouvriers, tout cela passait déjà à la téloche, et rappelle-toi que ça avait une méchante gueule ces trucs, même en noir et blanc ! Et on ne connaissait pas encore Miss Thatcher ; çà, ce sera pour après, la National Union of Mineworkers va s’en souvenir de la Dame de fer, mais basta, sache seulement que ce livre résonne à mon oreille, je suis entré en syntonie avec le camarade Coe.

Bon, alors, c’est quoi ce club ?

Il s’agit d’une fresque de la fin des temps modernes, disons ; dans une tranche de temps donnée (années 70) et dans un lieu bien défini (Birmingham) nous plongeons dans les strates du quotidien de la classe laborieuse de la perfide Albion.
Nous vivons tour à tour les existences des lycéens, de leurs parents, grand-parents, nous assistons aux turpitudes fessières des adultes, des moins adultes, nous partageons les joies, les incertitudes ou les drames de plusieurs familles de cette banlieue dominée par l’usine de bagnoles. Petits cadres, ouvriers, délégués syndicaux, petits fachos inclassables, tous les fils sociologiques de cette vaste tapisserie sont mêlés, intriqués : le tableau est vivant, subtil.


Et en plus d’être fin dans l'analyse de son temps, le gars Jonathan est un parfait styliste, c'est du grand art ; les flashbacks, les extraits de journaux, les souvenirs de vacances, les feuilles de choux du lycée scandent une flèche du temps totalement maîtrisée.

Très, très bon livre, pris à la sauvette sur l’étal d’un nouveau libraire (que je teste en ce moment) et dont la pochette m’a d’abord interpellé avant que le “Coe” ne me saute à la tronche… tiens, tiens, me suis-je dis, depuis le temps qu’on me snobe avec cet enfoiré ! Et Coe par ci, et Coe par là, ça commençait à me gonfler. Tu parles si je l’ai choppé vit’fait ! Marre de passer pour un con aux apéros de l’Ambassadeur.
Ben, t’inquiète, j’aurai l’air toujours aussi con, çà je m’y suis résigné, mais maint’nant  je saurai de quoi on parle quand ce mec reviendra sur la tapis.


C’était simplement délicieux, farang mon ami, c’est un bouquin majeur dans la future historiographie des années 70.


Il ne sont pas si nombreux, c’est vrai, les talentueux passeurs de réalité complexe, Jonathan Coe en est un, et un bon en plusse !


Merci pour ce week-end enchanté et cependant frappé au coin de la nostalgie.

Jonathan n’est pas mon ami, c’est pourquoi je dis que c'est mon ami.


 


Margaret T.



Je vous demande de me croire, ça va changer...


lundi 16 septembre 2013

Panthère, Carl Hiaasen

Je vois ton sourire sardonique, pauvre farang calamiteux, j’entends la petite crécelle de ta moquerie :
- Un folio junior ! Mais où on va, là ?

Et ça prouve juste que tu es con ; Pagnol c’est du junior, Verne c’est du junior, Poe c’est du junior, Vance c’est du junior, Saint-Ex c’est du junior, Twain c’est du junior, Homère c’est du junior… Hiaasen c’est du junior. Et oui, tête de noeud, c’est du Carl Hiassen ; as-tu la moindre notion du terme “tout public” ? En connais-tu tant que cela des auteurs blanchis sous le harnais qui daignent encore écrire pour nos chères têtes blondes ?

Bien sûr, maintenant les nouveaux tropes du consumérisme sémantisent la planète avec des “folio junior”, “roman noir”, “SF”, Fantasy”, etc., en parfaits fabricants d’étagères, mais te goure pas mon garçon, les bons, les vrais, les insécables, tu ne peux pas les mettre dans des petites cases merdeuses, tu peux lire du Mark Twain ou du Carl Hiaasen quel que soit le logo apposé sur la première de couverture. Et tant mieux pour nos chères têtes blondes, non ?


Alors bien sûr, c’est moins trash que Cousu main ou Pêche en eaux troubles, d’accord, il n’y a pas de mecs qui se font bouffer les couilles par des barracudas furieux ou des rottweilers enragés, soit, mais pour le reste, c’est l’oeuvre du maître, tout y est : le fabliau écologiste, l’humour, le drame, le bien, le mal, tout ! Pas de faux semblants, l’éthique doit primer sur l’inique… je sais fils, le parcours sera dur, mais rassure toi, la maman panthère retrouve son panthéroux à la fin et le méchant connard qui voulait bousiller ce petit coin de la planète en installant de façon illégale  des puits de forages dans la forêt sauvage pour que papa puisse faire le plein de sa Mégane en sera pour ses frais… 
Les méchants sont vraiment très cons, les gentils sont comme toujours bien allumés, l'écolo de service est un brave gaillard rustique et obstiné et la morale est au radical-écolo ; pas de doutes, c'est du Carl Hiassen.


Chers professeurs des écoles, faites lire du Carl Hiaasen en folio junior à vos jeunes ouailles… vous allez fabriquer une belle génération d'emmerdeurs ! Et c’est parfait. 

Merci Carl pour ce souffle de jeunesse.


Edward Burtynsky


Je vous demande de ne plus boire d’essence...

samedi 14 septembre 2013

Intentions, Oscar Wilde

Pfiou… 
Mes cadets, faut être en forme pour fréquenter cézigue Oscar !
Heureusement, le jour (la nuit ?) d’avant Saki m’avait mis en jambe, et rappelle-toi qu’il me fallait au moins cette piqure de rappel quant à l’ambiance victorienne.
Ceci dit, il n’est pas suffisant d’avoir bien révisé son Saki avant de folâtrer dans l’Oscar Wilde ci-présent, et de loin ! Apprête toi à suer sur ton Hamlet, à bien te souvenir des poèmes de Coleridge, ou encore d’avoir jamais su que la Terre de Van Diemen est l’ancien nom de la Tasmanie…
En fait, si tu n’as pas été suffisamment attentif et appliqué durant tes humanités, tu vas faire comme mézigue, il te faudra presque quarante-huit heures pour t’appuyer ces 250 pages.

Re-pfiou...
Évite aussi de zapper les quarante premières pages d’introduction, et surtout, surtout, ne rate JAMAIS une annotation, il n’y en a qu’une ou deux par page !
Tu vas en apprendre des trucs mon chéri. Par exemple, page 139, à propos du dénommé Lucien, qu’à mon instar tu avais sans doute pris pour Lulu de Montreuil, mais si,  tu te souviens, le fourgue de la bande à Fifi l’embrouille, ben c’est pas de lui dont il est question ; écoute un peu,
1. Lucien : probablement Lucien de Samosate (v. 125-v. 192), rhéteur grec auteur d’un récit fictif, “l’Histoire vraie”, et des célèbres “Dialogues des morts”... Etc.

Putain, tu savais, toi, que  Lulu de Montreuil était grec ? L’avait bien maquillé son jeu le salaud, sinon on ne lui aurait jamais acheté de flingues… un grec, tu penses !


Brèfe, causons enfin de ce bouquin main’nant.


Il s’agit de quatre textes (études critiques) :
Le Déclin du mensonge,
Plume, pinceaux, poison,
La critique est un art,
La vérité des masques.


Comme je te l’ai déjà dit, c’est d’une érudition folle et c’est extrêmement impertinent.
Oui, en affirmant que la nature n’est réelle et bien faite que dans la mesure où elle imite les oeuvres de l’homme, que le mensonge est bien plus intéressant et donc supérieur à la vérité, que l’artistique ne peut être qu’artificiel et donc création de l’homme et, en rajoutant la surcouche finale (La critique est un art), que la critique de l’art est supérieure à l’art qu’elle juge, car encore plus artistique en somme, je comprends bien qu’il a dû casser les bonbons à pas mal de gens l’ami Oscar.
Envers et contre toutes les croyances de son temps et de son milieu, il donne la prépondérance à l’esthétique. La nature, cette gueuse, n’a plus qu’à se plier au regard de l’artiste car tout est dans l’oeil du “spectateur”. Intrinsèquement le réel n’a aucune âme, il est sans morale ni beauté, il est, tout simplement. Du coup il serait vain d’attribuer le beau au bien et le laid au mal ; ce serait une vaste connerie, et il le démontre… m’enfin, il me le démontre. Chuis largement pas assez calé pour t’espliquer  le pourquoi du comment, farang-louis-philippard, mais j’ai cependant la méchante impression qu’il n’a pas tord cet homme, les choses ne valent que par une interprétation radicale et une réécriture permanente du réel.


Alors, qu’on ait pris O. W. pour un dangereux excentrique, qu’on l’ait même fourré en prison pour homosexualité ne démontre en rien  qu’il était le dandy pervers pour qui le scandale faisait loi.
En fait et rapporté à notre époque, il passerait pour à peine plus baroque qu’un Jean-Edern. Non, c’est la société victorienne dans laquelle il vivait qui était d’une imbécillité complète ; lui, il était normal.


Bon, tout cela posé, je ne prétends pas avoir tout bien capté, hein ? J’ai même peur d’avoir raté pas mal de trucs, mais chuis vraiment impatient de lire un biographie de ce drôle de zozo.

Oh non, Oscar n’est pas mon pote, c’est pour cela que je dis que c’est mon pote.



Père Lachaise, concession n°  PA 1909, 89e division




Je vous invite à venir m’embrasser...

mercredi 11 septembre 2013

Reginald, Saki

Suite et fin des aventures de Reginald.
Bien sûr, beaucoup de doublons entre Le cheval impossible et ce recueil, mais quand on aime…

Le gars Reginald est toujours aussi acide et c’est un grand bonheur de le lire ou relire.
C’est un dandy, mais surtout un sacripant invétéré :

...
Nous avons couronné la soirée en jouant aux petits chevaux, avec comme prix pour le vainqueur une boîte de crottes en chocolat. J’ai reçu une éducation soignée et je n’ai pas l’habitude de jouer à des jeux de société avec des crottes de chocolat pour enjeu. Je prétextai donc une migraine et me retirai pour la nuit. Ce faisant, j’avais été devancé de quelques minutes par une certaine Miss Langshan-Smith, personne assez imposante qui se lève toujours de bon matin en s’arrangeant pour vous donner l’impression qu’elle est déjà entrée en communication avec les principaux chefs de gouvernement européens avant même de vous rejoindre pour le petit déjeuner. Elle avait épinglé sur sa porte un bout de papier où elle demandait à être réveillée très tôt le lendemain matin. Une telle opportunité ne se présente pas deux fois dans une vie. Je recouvris son papier d’une autre feuille en ne laissant dépasser que sa signature, où je spécifiais que lorsqu’on lirait ce billet, elle aurait déjà mis fin à une vie gâchée, qu’elle s’excusait pour le dérangement qu’elle allait causer et qu’elle apprécierait en outre qu’on lui rendît les honneurs militaires. Quelques minutes plus tard, je soufflai dans un sac en papier que je fis exploser sur le palier, puis je me mis à pousser des gémissements destinés à être entendus depuis la cave. Et là-dessus j’allai me coucher. Le vacarme que firent les gens pour forcer la porte de la malheureuse fut parfaitement incongru. Cette dernière opposa une vaillante résistance à ses assaillants et j’imagine qu’ils durent la fouiller des pieds à la tête pour vérifier si elle n’avait pas un pistolet sur elle.
...
(Page 81, 82)

Une trentaine de petites nouvelles où le maître taquine les us&coutumes de la bonne société de son temps (fin 19ème, début de l'autre).

Tu l’auras compris, farang-suicidaire, le Saki est décidément un grand tourmenteur de zygomatiques…


Victoria





Je vous demande de taire ces ricanements choquants...

mardi 10 septembre 2013

Train, Pete Dexter

L’ami  Dexter est un virtuose de la plume noire.

Après l'excellentissime God’s Pocket des bas-fonds de Philadelphie, nous voici à la remorque du petit gars Train, caddie sur les greens de Los Angeles... années cinquante. Au surplus et en regard de la date, Train est black… comme tous les caddies. Un bon petit gars remarque, pas con et habitué à faire profil bas. Hélas, on ne fait pas ce qu’on veut dans l'amérique des années cinquante quand on est black, il y a des situasses où tu peux pas test, et là, à m’ment donné, ça dérape méchamment. 
Bien sûr, c’est pas du brutal, non, le camarade Pete est bien plus subtil que ça et le destin des quatre personnages principaux part en couille par petites touches esquissées, chapitre après chapitre, et malgré les apparences on s’achemine vers le bas, vers plus de noirceur… combien de temps pourras-tu survivre à cette apnée mortelle, farang-judeo-chrétien ?

Je te confirme que les bouquins de Pete Dexter sont angoissants, mais rassure-toi, il n’y a pas de vampires ou d’E.T., ils sont juste angoissants dans leur normalitude, écrits sur le fil ; ils sont pertinents, inconfortables et prégnants.

- Ça va merder, obligé ! que tu penses tout du long.
On s’attend toujours au pire dans les deux pages, et non, ça passe à un poil une fois de plus.
- Tu crois que ça pourrait bien finireux une histoire pareille ?
Hélas, ça se complexifie à chaque tour de manivelle ; c’est anentropique, si tu vois bien ce que je veux dire… hum.

Le môme Train a le chatouilleux Plural, ce vieux boxeur black incontrôlable et quasi-aveugle, qui lui colle aux basques, il y a aussi l’inquiétant Miller Packard, ce bizarre flicard blanc, fan de golf,  qui semble pouvoir toujours tout arranger, et, en dame de pique sanglante atrocement mammectomisée, il y a surtout cette gonzesse, Norah, au milieu de tout ça.
Et ça donne un drôle de pastis au final.


Dans le paradis noir de mes nuits blanches, l’ami Pete Dexter est un diabolique dealer d'inquiétudes...



Tiger Woods




Chuuut… je vous demande de respecter Train, c’est mon idole...